Derrière les volets
Les
volets sont fermés, la nuit dehors enveloppe toute vie, dans notre
chambre une douce musique, mes sœurs sont là près de moi, mais je
suis seule.
Une
petite place brumeuse, à l'air ouateux et étouffé, entourée de
vieilles maisons grises (celle que j'ai traversé hier soir, derrière
la cathédrale). Près d'un grand porche monumental, un petit garçon
joue avec des cailloux.
L'atmosphère
est mystique, un autre monde ouvre ses portes ici ; l'humidité
pénètre ma longue cape noir, je suis loin de tout et en même temps
si proche. Je m'arrête près du petit garçon, il est pareil aux
façades des maisons, fantomatique et triste.
Il
ne m'entend pas, je ne l'appelle pas.
Combien
de temps suis-je restée là, debout, immobile, spectre flou. Témoin
à moi-même, voyant peu à peu ma silhouette disparaître dans une
brume toujours plus opaque, le visage de l'enfant était pourtant
toujours proche, très proche, inoubliable visage, innocent et beau
dans son indifférente tristesse. Il avait l'air d'être las, pauvre
mignon. Qui avait pu ainsi meurtrir l'insouciance de ce petit ?
Soudain
ont surgi des hommes monstrueux, immenses et forts. De leurs mains
puissantes, mains d'ogres, il lui serrait le cou. Je les suppliais de
la voix, puis des yeux, de la bouche, de mon fort intérieur, mais
rien n'y faisait toujours plus certaine leur étreinte se resserrait
encore.
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