La crise
Sekhmet
J'ai
rangé la couverture que maman m'avait donnée, elle m'avait bordée
et embrassée. J'ai repris le recueil de poèmes de Baudelaire, j'ai
repris tout ce que j'avais laissé.
Et
me voilà telle qu'avant, sanglotante, morte, arrachée, déchirée.
Demain tout se jouera, ils ne veulent pas que j'aille au lycée, je
n'irai pas, l'usine m'attend. La dernière dissertation que j'aurai
faite sera sur l'usine ! Quelle ironie !
Je
me suis bien trop attendrie, j'ai pleuré trop de fois pour eux, à
cause d'eux ! Cette maison est la maison de mes malheurs, de ma
fin, et je n'exagère en rien.
Je
voudrais ne plus les entendre, la môme s'est mise avec eux, Marie a
pleuré avec moi, le chat miaule à la fenêtre. Je le ferai bien
rentré puisque que LUI l'a foutu dehors. Mais je n'ai aucun raison
valable de le faire, il ne fait pas froid.
Dimanche
toute la famille vient, ça va être chouette ! Ils sont
capables de me ridiculiser devant tous et eux avec leur bonne petite
logique d'adulte ils vont me juger et me condamner. Je n'ai aucun
ami dans cette famille, aucun, chacun à leur tour m'ont déçue. Mais
qu'est-ce que je demande ?
L'amour...
Je ne sais plus, à force je ne sais plus. Ce qui est sûr c'est que
personne, personne ne me comprend.
J'ai
bien eu peur qu'ils me suppriment mes livres, mais ils ne le savent
pas, c'est ce qui compte le plus pour moi, je te compte dedans bien
sûrs. Qu'on me retire ma plume, mon cahier, Baudelaire, Montaigne et
les autres et je n'ai plus que mon désespoir.
J'entends
Marie qui défend ma cause, mais j'ai peur qu'elle ne prenne de
mauvais arguments. Suis-je vraiment celle qu'ils disent que je suis,
péronnelle, égoïste, arrogante, etc, etc. ? Cette chose
laide, cette chose seule, cette chose qu'ils prétendent posséder et
diriger !
Oh
mon dieu !!!! Non ! Je ne crois plus en vous !
Tu
sais l'amour se détruit vite, c'est que la vie n'est rien, un
voile, une fumée, pure illusion ! Seule la haine, la peur,
existent sur cette terre. Oh
si je pouvais connaître un autre monde, quelqu'un qui me ferait tout
oublier... ça n'existe pas ! Il n'y a personne, je ne mérite
pas que l'on m'aide, je ne mérite rien, puisque je suis rien,
puisque je réduis tout à rien ! NEANT !
Demain
je ne m'excuserai pas, je n'ai aucun regret.
Le chantage ! Le chantage est à mon sens la plus haute forme de maltraitance, aucune trace, au point que l'on pourrait douter d'avoir été maltraité !
RépondreSupprimerLe harcèlement moral perpétré par certains parents, éducateurs, par le système tout entier, cela rend fou ! C'est typiquement humain, aucune autre espèce ne pratique cette morsure de l'âme.
A des degrés divers, nous sommes tous concernés par ce viol psychique, de l'enfant, de la femme, de l'ouvrier, de l'immigré, par des plus grands, des plus forts.
Et le silence de plomb, cette chape de béton qui tente encore et encore d'étouffer cette réalité, que rien ne puisse échapper à cette soi-disant réalité.
Merci à toi de soulever ici, le tapis...
Oui, Miche je suis en accord avec cette analyse. Je viens de lire ton billet, je le mets en lien ici.
RépondreSupprimerIl y a bien cette chose que peu parmi nous ont compris, nous devons aller vers le détachement.
Et si ce monde va si mal, c'est bien que le plus grand nombre (riches et pauvres) se battent pour posséder, toujours plus !
http://chou-genou-caillou.blogspot.com/2018/06/les-forces-en-toi-en-une-multitude.html