Sujet de dissertation : Votre meilleur ami...

Sujet : Votre meilleur ami ? Comment l'avez-vous connu ? Comment est-il devenu votre ami ? N'avez-vous jamais des différends ? Racontez.

Là-bas sur la petite place se dresse une croix et son christ, tout près une fontaine dont l'eau ne coule plus depuis longtemps, un peu plus loin un grand marronnier bordé de quatre routes et ses fermes, ses maisons et la seule épicerie du village.

Dans ce village, dans ce tout petit village perdu au milieu des champs, habitent mes grands-parents et... Anne...

Anne, Annette ! depuis toujours je t'ai aimée. Tu as mon âge et pourtant il me semble que tu es plus jeune que moi. Te souviens-tu des jours où, lorsque quelqu'un ou quelque chose te faisait peur, tu venais te blottir dans mes bras ? Tu es si frêle, tes cheveux blonds pareils aux blés mûrs, ton teint pâle, tes yeux bleu-marine, tes mains si menues aux ongles nacrés, et ton doux et beau visage d'ange. Tu es si belle Annette ! Quand je te tiens par la main je suis fière d'être ton amie, ton amie à toi, rien qu'à toi.

Je n'ai pas le souvenir de notre première rencontre, il me semble que je t'ai toujours connue et cela n'est pas tout à fait faux, grand-mère nous a raconté que nous avions, toi 5 mois et moi 6 mois, lorsque pour la première fois nous nous sommes vues. Des bébés ! Est-il possible que déjà nos cœurs se soient liés ? Peut-être... oui, peut-être nous sommes nous reconnues, mon amie. Je ne me souviens pas de ne pas  t'avoir aimée.

Lorsque nous nous chamaillions c'est pour si peu de choses ! à cause de notre même gourmandise ou à cause de nos goûts différents pour la musique, enfin jamais rien de grave. Mais un jour nous découvrîmes toutes les deux l'un de mes plus gros défaut.

Ce jour-là une nouvelle famille s'installait à Seresville et la fille aînée qui a notre âge se prit d'amitié pour toi alors que j'étais absente. Lorsque je revins, un mois plus tard, je vis de suite qu'elle avait pris beaucoup de place dans ta vie, beaucoup trop !

Ce soir-là je pleurais dans mon lit, je maudissais tout le monde, mon cœur était en lambeaux. Le lendemain je boudais, je ne voulais plus te parler, et je t'ai dit des mots blessants. L'après midi alors que j'allais me promener seule dans les bois, dans ce lieu où nous aimons aller, je t'aperçus la tête appuyée sur un tronc d'arbre tu pleurais et te lamentais :

« Mala, mala, pourquoi ne m'aimes-tu plus, que t'ai-je fait ? »

J'ai bondi et je t'ai prise dans mes bras. Nous avons mêlé nos larmes, et puis nous nous sommes consolées toutes les deux. Ainsi tout se termina très bien, tu m'assuras que Janine n'était pour toi qu'une camarade et peu de temps après je jouais moi aussi avec elle. Voici comment ma jalousie fut mise à jour, oh la vilaine !

Lentement je relève la tête, je sors de la brume de mes rêves. Voilà, ce n'est qu'un songe ! Oui, il m'arrive d'imaginer celle qui pourrait être mon amie, ma véritable amie. Je lui façonne tous les visages possibles comme le sculpteur le fait avec la statue. Chaque visage a une histoire qui s'efface peu à peu dans ma mémoire. Mais toujours,  qu'elle soit timide, comique, audacieuse, le même lien nous attache l'une à l'autre, toujours aussi fort et solide : le lien de l'amitié.