Les belles histoires - Une légende tibétaine
Vivait voici bien longtemps un homme vieux et brave, fort habile dans son métier de charpentier, mais très pauvre en intelligence et n’ayant aucune connaissance du Dharma. Sa fille, en revanche, possédait une grande finesse d’esprit, qu’elle appliquait tant aux affaires de ce monde qu’aux affaires spirituelles. Le charpentier l’aimait beaucoup et sa confiance en elle était si grande qu’il faisait, sans jamais se poser de questions, tout ce qu’elle lui disait de faire. Quand à la fille, consciente qu’il approchait pour son père l’heure de quitter ce monde, elle aurait bien voulu lui enseigner au moins quelques rudiments du Dharma pour l’aider à passer au delà, mais elle savait que, même cela, il ne pourrait pas le comprendre Que faire ?
A force de réfléchir, elle trouva un moyen. Elle dit un soir à son père qu’elle avait un grand sujet de contentement dont elle voulait lui faire part : ‘Sais-tu, mon père, qui j’ai rencontré aujourd’hui? Un homme venu d’un pays très beau, situé au soleil couchant, qu’on appelle le Champ de Félicité. Il était envoyé par un très bon lama qui vit là bas ; ta renommée de charpentier est si grande qu’elle est parvenue jusqu’à lui, tant et si bien qu’elle est parvenu jusqu’à lui, tant et si bien qu’il veut que tu lui construises une maison. N’est ce pas merveilleux ? Je n’ai pas hésité à lui donner moi-même ton accord, d’autant plus que tu seras très bien payé. Quant à la date du chantier, elle n’était pas encore arrêtée et, le moment venu, elle la lui ferait savoir.
Le père tomba bientôt malade et sa maladie empira très rapidement.
– Sois sans crainte, lui disait cependant sa fille, tu seras bientôt guéri. Le moment approche d’aller au champ de Félicité construire la maison. N’oublie pas que j’ai promis pour toi et que tu dois y aller.
Le père croyait donc qu’il allait guérir. Son état n’en continuait pas moins de se détériorer. Lorsqu’il fut tout près de mourir, sa fille lui dit encore :
– Mon père, c’est aujourd’hui un grand jour. Le moment est venu d’aller au Champ de Félicité. Tu dois absolument y aller. Tu vas guérir et tu iras mieux.
Persuadé que c’était vrai, il mourut sur cette pensée. Lorsqu’après la période d’inconscience qui suit la mort il s’éveilla dans le bardo, cette même pensée d inconscience fut la première à se présenter à son esprit : ‘ma fille me l’a dit, je dois aller maintenant au Champ de Félicité.’
Amitabha et son entourage lui apparurent alors et il se rendit là où le guidait son aspiration.
Le vieil homme ne connaissant pas le Dharma, mais il avait confiance en sa fille et tenait pour vrai tout ce qu’elle disait. Il était convaincu de l’existence de cet endroit délicieux nommé le Champ de Félicité où vivait un très puissant lama. Penser qu’il irait dans ce pays lui procura une grande joie, et son aspiration à s’y rendre était très forte. L’absence de doutes et l’orientation déterminée de son esprit firent qu’il s’y rendit effectivement.
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